Les tarifs de l'eau à Toulouse : gaspillage et " bonnes affaires "

 

En 1990, la Municipalité de Toulouse cède le service public des Eaux et de l'assainissement à La Compagnie Générale des Eaux-Vivendi. Aussitôt, des tarifs très préférentiels ont été accordés aux " industriels placés dans le cadre concurrentiel ", c'est-à-dire au secteur privé, avec un rabais de 40% pour la consommation au-delà de 12000 m3 par an et de 50% pour celle au-delà de 24000 m3 par an.

Face à cette double privatisation de l'intérêt général, un citoyen a déposé une plainte devant le Tribunal Administratif. En 1997, la Ville de Toulouse et son associé Vivendi ont été condamnés dans la mesure où ce tarif dérogeait au principe d'égalité des usagers devant le service public.

Qu'à cela ne tienne. Une nouvelle tarification, cette fois légalement conforme, voit le jour en 1999 : elle mentionne désormais seulement des tarifs en fonction de volumes utilisés et non plus en fonction de catégories d'usagers : un rabais de 50% est autorisé pour toute consommation supérieure à 60000m3 d'eau par an !

Mais c'est encore insuffisant pour calmer les appétits industriels : le 14 décembre 2001, est adoptée une nouvelle dégressivité : rabais de 50% sur les consommations comprises entre 60000m3 et 1 000 000m3 et de 70% pour celles au-delà.

Ce que n'a pas prévu la loi, c'est que les discriminations entre usagers se font à coup de m3 !

Cette petite histoire des " bonne affaires " illustre à quel point l'intérêt général est sacrifié au profit de l'intérêt privé et privatif. L'eau est gérée sur le modèle de rationalité de l'entreprise capitaliste selon laquelle la production-consommation en grand volume engendre des économies d'échelle autorisant des réductions de prix.

Or l'eau n'est pas un bien économique. Nous rappelons à ceux qui aujourd'hui se targuent de développement durable, de J.M. Messier à la Mairie de Toulouse, que l'eau fait partie de notre patrimoine commun, qu'elle est un bien rare et que si la tarification doit être discriminante, c'est en sens inverse : baisse des tarifs pour tous ceux qui l'économisent.