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La Dépêche - Article paru le 02/12/2002

 

 TOULOUSE - Empalot, la fuite localisée rue des Canaris

 

 L'eau à l'origine de l'explosion?

 

 -« Il ne s'agit pas d'une fissure mais bien d'une cassure », lâche  Pierre Challut, le directeur EDF-GDF du secteur Grand-Toulouse. En découvrant, le morceau de canalisation d'où s'est échappé le gaz, les enquêteurs et les techniciens de Gaz de France ont levé une partie du voile qui régnait encore sur l'explosion de vendredi (1). Comme l'avaient supposé les experts judiciaires en se basant sur la localisation des explosions, la fuite s'est bien produite dans le réseau de la petite rue des Canaris, dans le bas du quartier Empalot à Toulouse.

 

 Enquêteurs, experts et techniciens de GDF ont mis la main sur la

 partie de la canalisation d'où s'est échappé le gaz. Le tuyau de 150 mm, avec un diamètre de 30 mm, est cassé dans sa partie inférieure. La pièce a été enlevée par les ouvriers et confiée aux policiers. Elle fera l'objet dans les semaines à venir d'analyse de structure pour étudier une éventuelle défectuosité de la fonte.

 

 

 ENFOUIE DEPUIS 44 ANS

 

 On sait aujourd'hui que ce tuyau a été enterré en 1956.

Quarante-quatre ans plus tard, n'était-il pas nécessaire de le remplacer ? Sans doute puisque d'après nos informations, l'ensemble du réseau d'Empalot a été changé ces dernières années. Tous les tuyaux d'alimentation... sauf celui de la rue des Canaris! « La fonte est solide, elle ne pose pas de problème de vieillissement. Son seul défaut, c'est son poids », rassure Pierre Challut. Ce tuyau alimentait trois habitations: les 26, 28 et 30 rue Jean-Lebas. Les deux premières ont été transformées en tas de ruines par les explosions; la troisième a perdu son toit...

 

 Au-delà d'un vieillissement de la pièce, une autre question risque de se retrouver au centre des investigations judiciaires. En dégageant la canalisation de gaz, techniciens et enquêteurs ont découvert... une fuite d'eau sur le réseau géré par la Compagnie Générale des Eaux. « Une fuite significative qui a pu provoquer un affaissement, au moins partiel, de notre installation », avance Pierre Challut, patron de GDF. En ruisselant, l'eau aurait emporté une bonne partie du sable qui supporte l'installation de gaz. Privé de stabilisation, le tuyau en fonte s'est trouvé rapidement en porte à faux et a fini pas se casser. Dans d'autres explosions dues au gaz, ce type d'incident se serait déjà vu...

 

 

 GROSSE FUITE D'EAU

 

 Joint hier soir, la personne de garde chez Vivendi Environnement est restée très évasive, faute d'information précise: « On ne peut avancer de telle théorie sans une enquête approfondie... ». Autre élément qui témoigne de la vétusté du réseau d'eau potable du quartier, une fuite a été réparée voilà environ un an à quinze mètres de l'endroit où a été découvert la nouvelle défaillance ce week-end.

 

 Hier matin, avec des appareils de mesure au laser, les experts judiciaires ont réalisé des relevés très précis. Nécessaires pour évaluer les effets du ruissellement. Dans le cadre des auditions à venir, les enquêteurs du service d'investigations et de recherches vont entendre des témoins et les responsables de Gaz de France. Ils vont peut-être ajouter à leur liste les responsables de la Générale.

 

 En attendant la conclusion de l'enquête, trois personnes restent toujours

hospitalisés. Si l'état de santé de Marguerite Escoffre, 81 ans, et d'Emmanuel Millan, 80 ans, n'inquiète pas trop les médecins, ils restent toujours réservés sur l'évolution de Louise Millan, 83 ans, grièvement brûlée dans sa maison soufflée vendredi peu avant 11 heures.

 

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 (1) Voir notre dossier - Empalot après l'explosion .

 

 Jean COHADON.