Roger Durand : l'Eau
et la Vie - 120 F
L'Eau de notre Terre est en péril. Des polluants majeurs la
contaminent. Sa régénération coûte de plus en plus cher. Va-t-elle devenir
une marchandise que seul les plus riches pourront s'offrir ? Ne
devrait-elle pas être un droit pour tous comme le propose le "Manifeste de
l'eau" ?
L'Eau est plus qu'un simple liquide indispensable à notre
santé. C'est un résonateur cosmique sensible à l'environnement comme le
montrent les travaux de Marcel Violet et de Jeanne Rousseau. Ils
confirment la notion de "chaos sensible" postulée par Goethe, Novalis,
Schauberger, Schwenck.
L'Eau est aussi en résonance profonde avec
notre intériorité. N'y-a-t-il pas des analogies entre l'eau matière et la
matière de notre émotionnel ? Le mariage de l'eau et du feu observé dans
la nature da-t-il pas son équivalent dans l'évolution de notre conscience
?
Sommaire
du livre : L'eau dans le cosmos et sur notre planète / la vie des océans / les
aspects socio-économiques et géopolitiques de l'eau / la molécule d'eau / l'eau,
l'origine de la vie et l'évolution sur notre planète / l'eau dans les organismes
vivants / l'eau et la vitalité / les propriétés des hautes dilutions et autres
thérapies de l'eau / l'eau vive / eau et feu
La
thèse de Roger Durand étonnera sans doute beaucoup de lecteurs (que je lui souhaite
très nombreux). Avouons qu'il y a matière pour que cela advienne : l'auteur
essaye de démonter que l'eau est non seulement un élément fondamental de et
à la vie mais qu'elle serait "l'âme du monde".
Reprenant à son compte, dans une démarche
à plusieurs étages, les analyses et les thèses de la physique quantique
(notamment sur l'éther), des théoriciens de l'énergie libre, de
l'électrodynamisation (notamment les notions de vitalité et de "qualité"
de l'eau), de la mémoire de l'eau, du magnétisme, de la thermodynamique
auxquelles il "ajoute" les analyses et les propositions de philosophes,
d'écrivains et de poètes sur le monde de l'émotionnel, Roger Durand estime
pouvoir affirmer que l'eau est "l'âme du monde" car, en tant qu'expression
physique de la médiation entre le principe d'origine de la vie - à savoir
"le feu" de l'extérieur (transmis par l'énergie solaire) - et la vie sur
Terre (d'où le concept de l'eau en tant que "le sang de la Terre" repris
par l'auteur) elle est la vitalité, l'élément où s'opèrent les vibrations
(les émotions) de la vie sur Terre et où se structure l'organisation de la
vie.Je ne possède pas assez de compétences pluridisciplinaires pour
infirmer ou appuyer cette thèse.
Quelle que soit la justesse de la
thèse, ce qui fascine dans le travail de Roger Durand et incite à aller
vite avec envie jusqu'au bout de sa lecture, c'est sa croyance en l'eau en
tant que vie, à la fois source insubstituable et expression emblématique
de la vie dans toutes ses formes et ses déclinaisons (santé, alimentation,
biodiversité, activités industrielles, vulnérabilité, violences, rites,
symboles ... ).L'affirmation, forte, de cette croyance vient au bon moment
car le monde des dominants (les classes dirigeantes des pays occidentaux
et occidental sés les plus "développés", les pays de l'OCDE), est en
train, depuis une dizaine d'années (plus particulièrement depuis la
conférence Mondiale sur l'Eau de 1992 à Dublin) de vouloir imposer au
monde entier une vision purement marchande de l'eau.
Eun des quatre
principes fondamentaux de la Déclaration de Dublin, devenus les principes
de référence systématiquement repris et réaffirmés à l'occasion des
grandes manifestations mondiales dans le domaine de l'eau, affirme
précisément que l'eau doit être vue principalement comme un bien
économique.
Selon les signataires de la Déclaration de Dublin '
l'une des causes principales de la "crise" croissante de l'eau résiderait
dans le fait que les sociétés auraient jusqu'à présent considéré l'eau
comme un "bien social" et donc elles l'auraient allégrement pollué et
gaspillé. En revanche, si l'eau est considérée comme un bien économique,
comme soutenu par les ministres des 118 pays présents au Forum Mondial de
l'Eau (La Haye, mars 2000) auquel ont participé 5 700 personnes du monde
entier, et si on lui attribue une valeur économique qui, selon les
signataires, devrait être déterminée selon le)uste prix fixé par le marché
sur la base du principe du "full cost recovery price", alors l'eau
deviendrait plus chère ; et cela contribuerait à faire baisser la demande
et à assurer une meilleure gestion "rationnelle" des ressources
hydriques.
La thèse axée sur l'eau en tant que "bien économique te
est certainement une douce musique pour les oreilles des compagnies
privées de l'eau (aussi bien potable que des eaux minérales et de l'eau en
bouteille). Celles-ci prêchent avec force (et, si cela est nécessaire,
avec millions de francs à l'appui) en faveur de la privatisation de
l'ensemble des services d'eau (du captage au traitement des eaux usées).
Promoteurs de la marchandisation de l'eau, ils sont favorables à ce que
l'eau figure au menu des négociations sur l'AGCS (Accord Général sur le
Commerce des Services) dans le cadre de l'OMC (Organisation Mondiale du
Commerce) au même titre que les autres (jadis) services publics tels que
les télécommunications, les transports, l'électricité, le gaz, la santé,
l'éducation.
Si les classes dirigeantes devaient réussir dans leurs
visées, ce serait l'aubaine pour les détenteurs de capitaux privés.
Songeonsy rapidement. À l'heure actuelle, le nombre de personnes servies
directement par les distributeurs privés d'eau potable dans le monde
s'élève à environ 300 millions. Si la privatisation l'emporte, il
s'élèverait dans quinze ans, vers 2015, à plus de 1,6 milliard de
consommateurs. jamais un "marché" n'aurait "subi" une telle
explosion.
Les grandes manoeuvres en cours par les principales
compagrues mondiales de l'eau que sont les françaises Vivendi (exGénérale
des Eaux), Suez-Lyonnaise des Eaux, Saur-Bouygues, l'allemande RWE (qui a
acheté en septembre 2000 la 3ème compagnie mondiale d'eau, la britannique
Thames Water), la britannique United Utilities, témoignent de l'importance
des enjeux économiques et des grands changements qui pourraient refaçonner
le monde de l'eau au cours des prochaines années uniquement en fonction
d'intérêts financiers et industriels. Déjà, aujourd'hui, le monde de l'eau
n'est plus celui d'il y a à peine 6-7 ans. Eeau risque de tomber sous le
contrôle de grands groupes mondiaux multi-services exerçant un pouvoir
oligopolistique dans plusieurs domaines à la fois, tels que les télécoms,
l'énergie, les transports, l'eau.
Ainsi, ce n'est pas étonnant que
les dominants parlent de l'eau en tant que l'or bleu, comme le pétrole a
été considéré "l'or noir du XXIème siècle".
Si des règles mondiales
définissant l'eau en tant que bien commun patrimonial de l'humanité et des
autres espèces vivantes ne sont pas rapidement définies et les
institutions correspondantes ne sont pas mises en oeuvre, on assistera non
seulement à une multiplication des conflits intra-étatiques (autour
d'usages concurrents alternatifs de l'eau) et inter-étatiques (les guerres
de l'eau dont on parle trop facilement), mais aussi à l'exclusion de
l'accès à la vie pour plus de 4 milliards de personnes vers 2020-25. Un
futur inacceptable. L'ouvrage de Roger Durand nous rappelle
systématiquement que personne n'a le droit d'empêcher l'accès à la vie aux
autres êtres. Aucune raison d'ordre économique (rentabilité du capital et
compétitivité pour la conquête des marchés), ni politique (stratégie de
puissance locale), ne saurait justifier ce qui est
inacceptable.
Rien ne dit non plus que le futur inacceptable soit inévitable. On peut,
bien au contraire, agir pour empêcher qu'un tel futurible devienne réalité.
Eopinion publique a un rôle fondamental à jouer en participant à, ou en
soutenant, l'action des organisations de la "société civile" qui depuis
des années se battent contre la marchandisation de l'eau, et de la vie
en général, et contre l'expropriation des droits humains et sociaux, réduits
à la catégorie des simples "besoins".
Roger Durand : l'Eau et la Vie